Eglise

Eglise de Saint-Pierre-es-Liens

La partie la plus ancienne de la chapelle castrale dite du Rosaire constitue aujourd’hui la partie médiane du transept accolée au chœur de l’église. Elle remonte à la fin du XI° siècle soit vers 1’an 1090, comme en témoigne la gravure du millésime retrouvée sur un bloc de pierre coté cimetière. C’était donc la chapelle primitive du château féodal éloigné d’environ 200 m du château actuel situé en contrebas Nord-Ouest.

L’ouvrage de l’époque était adossé à une simple tour carrée, sans clocher. Au cours des siècles qui ont suivi, outre les transformations  et extensions détaillées ici, de fréquentes réparations et améliorations ont conforté l’ouvrage à la suite des dégâts causés par de lourdes intempéries et principalement par la foudre.

Les principaux actes constitutifs d’extension ont été:

– aux XII° et XIII° siècles – réalisation du chœur

– au XV° siècle  (plus particulièrement après 1450) réalisation de la nef centrale

– au XVI°  siècle création des deux nefs latérales

– au XVII° siècle, (seconde moitié) construction de la chapelle Sud (consacrée à Saint Joseph),

– au XIX° siècle, (1880) construction de la flèche actuelle du clocher. Nous disposons de force détails sur cette importante réalisation dont on peut admirer le dessin dressé par l’architecte départemental de l’époque, Monsieur Demancey et daté du 18 mars 1880.

– au XX° siècle, vers les années 1920 de nombreux travaux de modernisation ont été entrepris avec, en particulier, le remplacement de la couverture en lave par des tuiles mécaniques,

– en 1945, réfection partielle de la couverture du clocher et de la toiture à la suite de dommages causés par un bombardement allemand.

– en 1986, des travaux de couverture de l’édifice ont été entrepris à la suite d’affaissements de terrain coté cimetière. Au droit de la chapelle de la vierge où des lézardes de plusieurs centimètres menaçaient l’édifice d’effondrement.

Plus récemment ont été réalisées la reconstruction de vitraux et la réfection des enduits des voûtes dans les nefs latérales ainsi que dans le chœur et le transept.

Les problèmes financiers et administratifs ont été, quant à eux aussi nombreux que complexes.

Il convient tout d’abord d’isoler la période de l’Ancien Régime qui réservait, comme chacun sait, le titre et les prérogatives de châtelains aux seigneurs du Royaume. Le dernier seigneur en titre à Bricon, en ce qui concerne la chapelle du Rosaire, fut Monseigneur Esbaudy jusqu’à la révolution. L’église est alors devenue dans sa totalité propriété de la commune.

Dans l’Ancien Régime, pour notre région, l’initiative et la gestion des travaux incombait au Chapitre de Langres dont les chanoines assuraient l’autorité et les décimateurs (autorités religieuses ayant droit de lever la dîme), le principal financement. Des compléments de dépenses pouvaient, sur décision de l’assemblée des membres du Chapitre, être imputés directement aux habitants de la paroisse, en marge de l’habituelle charge de la dîme.

Les agrandissements étaient à la charge de la « Fabrique de Bricon ».  La fabrique, au sein d’une communauté paroissiale catholique, désignait un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis à l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse: église, chapelles, calvaires, argenterie, luminaires, ornements, etc. Les membres du « conseil de fabrique » étaient donc des administrateurs désignés plus spécifiquement par les termes de marguilliers et de fabriciens. Les revenus de la fabrique provenaient, c’est ce qui est le plus connu, des quêtes et des offrandes. Mais pas seulement: la location des places de bancs dans l’église, par exemple, était aussi un revenu régulier (bien souvent perçu annuellement à date fixe) pour la fabrique.

On retrouve cette répartition des charges à laquelle s’ajoutaient les propriétaires forains dans une analyse chiffrées de travaux datée du 12 juin 1770.

Dans la République, l’autorité intervenant dans tous les types de travaux est la Commune. Intervenant seule pour les travaux modestes, elle sollicite des aides financières départementales, voire régionales lorsque les dépenses sont plus importantes.

Notons également l’importance du bénévolat associatif évoqué ci avant à partir de 1786 (ceci pour la main d’œuvre et les achats de matériaux).

Quelques indications techniques

La structure des ouvrages

Le mouvement de terrain qui servait de site au château féodal et qui porte notre église est une butte calcaire dénommée « La craie » ou « La Crée ».

Les murs porteurs y sont fondés sur semelles filantes maçonnées en moellons du pays à profondeur hors gel (0,70 à 1 mètre). Les murs eux-mêmes sont en petit appareil en moellons de calcaire et de pierres de tailles pour l’entourage des ouvertures et les contreforts.

L’édifice a un plan en croix latine. La nef est à trois vaisseaux de quatre travées. Le couvrement est en voûtes d’ogives reposant sur des piliers cylindriques. Les trois vaisseaux de la nef ont un toit unique couvert à l’origine en laves ou lauzes du pays. Il est maintenant pourvu de tuiles plates mécaniques.

Le chœur à travée unique est terminé par un chevet plat. On y trouve des chapiteaux à crochet. Il est accosté sur son flanc nord par la sacristie au toit en appentis. La travée d’avant chœur qui le précède supporte la tour du clocher couronnée par une flèche polygonale en ardoise. Ses chapiteaux carrés sont ornés de feuilles d’acanthe. Elle est encadrée par deux chapelles qui forment un faux transept.

Le portail occidental est protégé par un porche hémicirculaire couvert d’une croupe ronde. L’escalier en équerre d’accès au clocher est situé sur le flanc sud du chœur.

On remarquera la clef de voûte de la chapelle sud dite de St Joseph. Elle est en forme d’écusson et porte les armes du curé Raillard.

Situation juridique vis-à-vis des Bâtiments de France.

L’ouvrage a été placé dans sa globalité sous la protection des bâtiments de France par son inscription au registre complémentaire des monuments historiques, le 11 septembre 1987, sur proposition et à l’initiative d’un administré de la commune qui s’inquiétait de voir tant de travaux réalisés par de simples bénévoles. La poursuite des travaux a toutefois été autorisée expressément par la COREPHAE (Commission Régionale du Patrimoine Historique Archéologique et Ethnographique) lors de l’inscription.

Article cosigné par Patrick Lagrange pour la partie historique et Jean Goutorbe pour l’architecture et les travaux à la suite de leurs recherches aux archives départementales.

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